Dès son entrée aux Beaux-Arts en 1974, Andy Goldsworthy se sent "comme doivent se sentir les oiseaux avant leur première migration : la puissante impression qu'ils doivent maintenant partir pour des lieux où ils n'ont jamais été auparavant". Il décide alors de sortir de l'espace clos de l'atelier pour travailler en extérieur et y développer "une perception de plus en plus aiguë de la terre".
Plus qu'un simple atelier, la nature est au cœur de son travail : dans le choix des matériaux avec lesquels il créé comme dans l'acceptation du cycle naturel de croissance et de décomposition qui fait que tout est mouvement, changement, flux. Le temps est de ce fait un élément essentiel de son travail artistique. S'il est plus prégnant dans ses œuvres éphémères où la décomposition de l'œuvre n'est parfois que de quelques secondes, il n'en est pas moins présent de ses œuvres "pérennes" qui subissent une entropie naturelle que l'artiste ne souhaite pas empêcher. Les œuvres d'Andy Goldsworthy ne sauraient toutefois se réduire à la "nature" des matériaux employés et aux processus naturels qui les traversent.
"Mon travail est tellement enraciné sur place qu'on ne peut le séparer de son lieu d'élaboration : le travail est le lieu". Prendre en compte la "nature du lieu", c'est aussi prendre en considération son histoire. Ceci explique que les œuvres d'Andy Goldsworthy prennent souvent racine dans l'histoire humaine des sites dans lesquels il travaille : "En plaçant mon travail dans un lieu où quelque chose existe déjà, où des hommes ont déjà vécu, ma vie et mon art sont mis en contexte. Je considère le paysage comme une succession de couches dont je serais la dernière strate. Je m'identifie à la géologie et à la façon dont les êtres déposent leur présence et leur vie par strates successives qui font la richesse d'un lieu".